Illumine la nuit

jeudi 16 mars, 2023 19h30

Maison des arts Desjardins Drummondville - Salle Principale175 Rue Ringuet, Drummondville, QC J2C 2P7


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Programme

Ce concert nous transporte en musique et en image dans l’univers d’Alma Mahler, grâce à la projection d’un roman graphique imaginé par Catherine Varvaro, timbalière de l’orchestre, et conçu par l’illustratrice Pauline Stive. Illumine la nuit : la symphonie illustrée qui sera projetée pendant l’interprétation des œuvres au programme nous amène de manière poétique à explorer les moments marquants de la vie de cette femme qui a sacrifié sa carrière au profit de celle de son mari.
On dit que les contraires s’attirent… D’un côté la rayonnante Alma Schindler, jeune femme de 22 ans, musicienne et compositrice accomplie, cultivée, indépendante d’esprit, d’une remarquable beauté. De l’autre, le sombre Gustav Mahler, à l’aube de la quarantaine, directeur de l’Opéra de Vienne, compositeur célèbre, obsédé par la Mort. Le soleil et la lune.

Unis par leur passion pour la musique, ces deux êtres si différents auraient pu vivre en harmonie (après tout, qui d’autre qu’un compositeur est mieux placé pour en comprendre un autre?), mais assez tôt la lune éclipse le soleil.

« Tu n'as désormais qu'une profession : me rendre heureux... » Amoureuse, fascinée par ce grand compositeur, Alma accepte de renoncer à toute ambition personnelle à la demande de Gustav. Mais cette femme brillante au talent indéniable n’est pas faite pour l’abnégation. Frustrée d’être muselée par un mari exigeant et totalement absorbé par son travail, elle se réfugie dans les bras d’un jeune amant. Acculé au pied du mur, Gustav se rétracte alors et encourage finalement sa bien-aimée à publier et faire jouer ses lieder en 1910. Leur relation tumultueuse prend fin abruptement quelques mois plus tard au décès de Gustav. Alma s’éteint 53 ans plus tard.

Julien Proulx


Chef d’orchestre

Catherine Varvaro


Conception et idéation

Pauline Stive

Illustrations

Alexis Diamond

Dramaturge

Caite Clarke

Éclairages

Alma Mahler (1879-1964)
arr. Kelly-Marie Murphy

Die stille Stadt (La ville silencieuse)

Alma commence à composer dès l’âge de neuf ans. Élève d’Alexander Zemlisky, elle reçoit une formation musicale poussée et est l’autrice de plusieurs dizaines de lieder dont seulement 16 nous sont parvenus. Encouragée bien tardivement par son mari à publier ses œuvres, elle connaît néanmoins un certain succès lors de la création de ces Cinq Lieder en 1910. Ces pièces témoignent d’un réel talent pour la mélodie et d’une sensibilité toute particulière pour la poésie, qu’Alma met merveilleusement en valeur grâce à la musique. Le lied « Die stille Stadt » est basé sur un poème de Richard Dehmel, contemporain de la compositrice.

Traduction française

Il y a une ville dans la vallée,
Un jour pâle s’affaiblit,
Il ne veut pas durer plus longtemps
Tant que la lune et les étoiles
Sont dans le ciel, seulement la nuit.

Des montagnes avoisinantes
Le brouillard descend sur la ville,
Ni toit, ni cour, ni maison,
Ni son ne pénètre sa vapeur,
À peine une cloche ou un pont.

Mais quand le voyageur frissonna,
Une faible lueur apparut en bas
Et de la vapeur et du brouillard
Un chant de prière s’éleva
Des lèvres des enfants.

Gustav Mahler (1860-1911)
arr. Klaus Simon pour orchestre de chambre

Symphonie n° 5

I. Trauermarsch (Marche funèbre). Im gemessenem Schritt. Streng. Wie ein Kondukt (D’un pas mesuré. Sévèrement. Comme une procession funèbre)
II. Stürmisch bewegt. Mit größter Vehemenz. (Tourmenté, agité. Avec la plus grande véhémence)
III. Scherzo. Kräftig, nicht zu schnell (Vigoureux, pas trop vite)
IV. Adagietto. Sehr langsam (Très lent)
V. Rondo-Finale. Allegro – Allegro giocoso

Les trois premiers mouvements, plutôt sombres, de cette symphonie sont composés à l’été 1901. Puis, un an s’écoule avant que Mahler ne reprenne la partition pour y ajouter les deux derniers mouvements. C’est qu’entre temps, il a fait la rencontre d’Alma. Faisant passer la symphonie de l’obscurité à la lumière, l’Adagietto (quatrième mouvement) est une déclaration d’amour en musique de Gustav à Alma : « Au lieu d’une lettre, il lui envoya le manuscrit sans autre explication. Elle comprit et répondit qu’elle viendrait!!! Les deux m’ont raconté cela! » (Wilhelm Mengelberg, proche collaborateur de Mahler).

La symphonie s’ouvre tragiquement sur une sonnerie de trompette avant d’entamer une marche funèbre tourmentée qui s’enchaîne directement sur le sombre et orageux deuxième mouvement. Le Scherzo semble avoir donné beaucoup de peine à son auteur : « Tu ne peux pas t’imaginer les obstacles et les épines innombrables qu’il sème sur mon chemin […] surtout à cause de mon principe selon lequel rien ne doit se répéter, et tout doit se développer sans cesse, et de soi-même. » (lettre de Mahler à Natalie Bauer-Lechner). Hors du temps, le lumineux Adagietto (que les cinéphiles reconnaîtront comme étant la musique de Mort à Venise de Visconti) est confié aux cordes et à la harpe. Puis, le qualificatif giocoso (joyeux) du dernier Allegro prend tout son sens dans ce Finale qui traduit le bonheur d’un homme amoureux et au sommet de sa carrière.

« Si un compositeur pouvait dire ce qu’il avait à dire avec des mots, il ne prendrait pas la peine d’essayer de le dire en musique. » Gustav Mahler

 

Alma Mahler (1879-1964)
arr. Kelly-Marie Murphy

Bei dir ist es Traut (Avec toi c'est bon)

Le lied « Bei dir ist es traut » a été composé sur un poème de Rilke.

Traduction française

Avec toi c’est bon, les heures timides sonnent comme autrefois, viens et dis-moi un mot d’amour, mais pas trop fort !
On entend un portail venant du monde en fleurs, le soir écoute aux fenêtres, gardons le silence, que personne ne sache où nous sommes.

« Dieu m’a accordé le privilège de connaître les œuvres brillantes de notre temps avant qu’elles ne quittent les mains de leurs créateurs. Et s’il m’était permis d’aider ces chevaliers pendant un certain temps, alors mon existence est justifiée et bénie! » Alma Mahler