Jeu d’ombres

jeudi 16 novembre, 2023 19h30

Maison des arts Desjardins Drummondville - Salle Principale175 Rue Ringuet, Drummondville, QC J2C 2P7


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Programme

Musique et mouvement ont toujours été intimement liés. Alors, imaginez que pour l’instant d’un concert, dans un théâtre d’ombres, des personnages prennent vie, s’animent et se mettent à danser au son de la musique symphonique de Stravinsky, Beethoven et Evangelista. Laissez-vous transporter dans cet univers fantastique en compagnie des danseurs du Cégep de Drummondville.
« La relation entre le mouvement et la musique me fascine. Lequel des deux vient en premier ? C’est l’œuf ou la poule. Pour moi, c’est du mouvement que nait la musique. C’est étrange, mais c’est ce que je ressens quand je dirige un orchestre. »

Julien Proulx


Chef d’orchestre

Maryse Blanchette


Chorégraphe

Maxine Binette


Danseuse

Emmeline Hahni


Danseuse

Alice Mailloux


Danseuse

Anaïs Robert


Danseuse

José Evangelista (1943-2023)

Symphonie minute

I. Envol
II. Mélopée
III. Combat
IV. Presto chromatique

Originaire de l’Espagne, José Evangelista s’est installé à Montréal en 1970. Professeur de composition à la Faculté de musique de l’Université de Montréal de 1979 à 2009, il portait un intérêt marqué pour la mélodie. Son catalogue comporte 80 œuvres qui reflètent plusieurs influences : ses racines espagnoles, le gamelan indonésien, l’avant-garde occidentale et les musiques modales.

Composée en 1994, cette symphonie miniature respecte, malgré sa courte durée, la structure traditionnelle en quatre mouvements. Contrastants, ces différents mouvements présentent des impressions fugaces que le compositeur décrit en ces termes : « […] le premier [mouvement], intitulé Envol, est construit sur un thème très rapide qui suggère un oiseau en plein vol. Mélopée (chant récité) présente une mélodie mélismatique de type improvisé qui ne cesse de prendre de l’ampleur et de monter en intensité. Combat propose une musique extrêmement rythmique entrecoupée de moments calmes. Et enfin, le Presto chromatique est composé de lignes musicales rapidement ascendantes et descendantes. L’œuvre est dédiée à mes enfants. »

« Son approche mélodique et la construction qu’il y a autour est une forme très particulière, et tout son amour pour les musiques non occidentales, notamment les musiques balinaises, marque son œuvre. C’est une musique qui prend le temps de s’exprimer. De plus, toute l’ornementation, et l’influence orientale forment une dentelle bien vivante, qui génère une énergie communicative. »

Lorraine Vaillancourt

Rédaction: Catherine Mathieu

Igor Stravinsky (1882-1971)

Pulcinella : Suite

I. Ouverture : allegro moderato.
II. Serenata « Mentre l’erbetta pasce l’agnella »
III. Scherzino
IV. Tarentella
V. Toccata, Allegro
VI. Gavotta
VII. Vivo
VIII. Minuetto
IX. Finale

C’est à Sergei Diaghilev (1872-1929) que l’on doit l’idée d’« arranger » certaines pièces du compositeur Giovanni Battista Pergolesi afin d’en faire un ballet. La commande sera passée à Stravinsky et donnera naissance à ce « Petrouchka italien » que le compositeur transformera deux ans plus tard en suite orchestrale. Les musicologues d’aujourd’hui ont pu établir que la plupart des mélodies empruntées ne sont pas de la plume de Pergolesi, mais bien de compositeurs plus obscurs (Gallo, Chellerie et Parissoti).

Déçu par le travail de Stravinsky, Diaghilev lui reprochera d’« avoir mis des moustaches à la Joconde »! Suite à la création de Pulcinella le 15 mai 1920 à l’Opéra de Paris, la critique n’est pas non plus unanime, jugeant scandaleux de profaner ainsi l’œuvre du compositeur baroque. Le public, quant à lui, semble avoir bien apprécié ce mélange d’anachronismes musicaux (orchestration mettant en lumière les vents, harmonies épicées) et d’éléments baroques (opposition d’un groupe de solistes à un ensemble dans la tradition du concerto grosso, mélodies du passé).

Cette œuvre éclectique issue du néoclassicisme – courant du XXe siècle renouant avec des procédés d’écriture anciens – débute par une pétillante ouverture avant d’enchaîner avec une sérénade où un magnifique thème est confié au hautbois.  Plutôt informel, le Scherzino voit passer une succession d’idées musicales. Véritable exercice de vélocité, la Tarentelle est d’une agréable légèreté. La Toccata et l’Allegro, avec leurs notes saccadées, ont quelques ressemblances avec le pendant russe de Pulcinella. Construite à partir de deux variations, la Gavotte s’enchaîne sur le Vivo où l’on reconnaît l’humour grinçant de Stravinsky. Précédé d’un menuet un peu pompeux, le Finale reprend le caractère bouffon du Vivo.

« Je n’écris pas la musique, je l’invente. »

Igor Stravinsky

Rédaction: Catherine Mathieu

Ludwig van Beethoven (1770-1827)

Symphonie n° 7

I. Poco sostenuto – Vivace
II. Allegretto
III. Presto
IV. Allegro con brio

Contemporain de la Huitième symphonie, l’opus 92 est écrit durant l’apogée des guerres napoléoniennes de 1812. Beethoven, âgé de 41 ans, se trouve alors dans une cure thermale en Bohême où il subit un traitement pour sa surdité.  Créée le 8 décembre 1813 à l’Université de Vienne sous la direction de Beethoven, la Septième symphonie obtient un succès immédiat, le mouvement lent étant même joué deux fois à la demande du public!

Richard Wagner décrivait cette symphonie comme « l’apothéose de la danse ». Il est vrai que l’œuvre est d’abord et avant tout rythmique.

L’introduction lente du premier mouvement comprend deux thèmes contrastants : l’un empreint de grandeur et l’autre plus bucolique, rappelant à certains égards la Pastorale. Le Vivace qui suit est basé sur un motif rythmique dont l’impulsion et l’élan serviront de moteur à l’ensemble de l’œuvre. Très dynamique, ce premier mouvement de forme sonate est ponctué de longs silences et de points d’orgue qui semblent apporter un élément de suspense en plus des nombreuses explorations dans d’autres tonalités.

La sublime marche funèbre de l’Allegretto, qui avait tant ému le public de 1813, touche encore par sa noblesse. D’abord exposé pianissimo aux basses sur un rythme de marche, le thème initial est ensuite complété par un magnifique contrechant. L’ajout de couches successives et de changements de registre créent peu à peu une montée de tension qui atteint un sommet d’intensité à l’entrée des timbales. La deuxième section du mouvement offre un contraste surprenant avec l’arrivée de la tonalité majeure donnant une touche d’espoir à l’ensemble. Après un retour à la marche funèbre et un bref aperçu du passage en majeur, le mouvement se termine dans un soupir.

Le Presto est un scherzo double, sa partie principale contient deux reprises : la première très courte, la deuxième plus longue et plus développée. Le rythme reprend ici le premier plan avec un motif rebondissant ponctué par les timbales. Léger et effervescent, ce troisième mouvement s’enchaîne sur un finale d’une rare vitalité. Une sorte de jubilation dansante émane de ce dernier Allegro con brio encore une fois basé sur un motif rythmique omniprésent. Toute cette accumulation d’énergie débouche sur une coda où un grondement de basses semble suspendre momentanément le temps avant que la symphonie s’achève en apothéose.

« La musique est comme un rêve que je ne peux plus entendre. »

Ludwig van Beethoven

Rédaction: Catherine Mathieu