Flûte solo à l’OSD depuis février 2020, c’est à titre de soliste qu’Ariane Brisson s’apprête à fouler les planches de la Maison des arts Desjardins Drummondville dans le cadre du dernier Grand concert Canimex de la saison 22-23, Shéhérazade. 

Au programme: Pour sortir au jour, un concerto pour flûte et orchestre signé Guillaume Connesson, compositeur français actuel bien en vogue de l’autre côté de l’océan. Et pour cause! Surprenante, accessible, touchante: l’œuvre que l’interprète s’apprête à nous faire découvrir à travers son jeu sensible ne laissera personne indifférent. 

Assister à la naissance d’une œuvre

Le concerto de Connesson est cher au cœur d’Ariane depuis sa création en 2014. Celle qui aujourd’hui est membre et directrice artistique du quintette à vent Pentaèdre étudie alors à Chicago auprès de celui qui interprète l’œuvre lors de sa création avec le Chicago Symphony Orchestra, le flûtiste et professeur Mathieu Dufour. 

« Je me rappelle que les mois précédents la création, j’entendais Mathieu pratiquer quand j’arrivais chez lui pour mes cours. Il me faisait part de ses questionnements, ses réflexions, ses craintes aussi, parce que oui, c’est un peu terrorisant comme partition! J’ai eu un accès privilégié à tout l’envers du décor. Je suis vraiment contente d’avoir reçu cette information précieuse qui me sert un peu de guide aujourd’hui. »

Lorsqu’elle assiste au concert en 2014, l’étudiante est touchée. « Je me souviens être sortie de la salle sans pouvoir chanter une seule ligne ni une seule mélodie, mais l’œuvre avait parlé à mon ressenti et à mes émotions. Il y a une espèce de sensualité, de sinuosité dans les lignes, c’est toujours en mouvement. À certains moments, il y a des cris primaires, des cris du cœur. Ça parle à notre côté brut, primitif, animal. C’était ça l’important. Ce que ça m’avait fait vivre. »

Un défi enthousiasmant

Près de 10 ans plus tard, c’est maintenant Ariane qui s’apprête à faire découvrir cette œuvre particulière au public. Comment la partition a-t-elle fait son chemin jusqu’à Drummondville? Tout commence par une invitation lancée sous forme de carte blanche par Julien Proulx, directeur artistique de l’OSD, et le grand appétit de la musicienne pour les défis. 

« Je devais jouer comme soliste avec l’OSD pendant un concert qui a été annulé pendant la pandémie. Julien est revenu à la charge plus tard en me demandant ce que j’aurais envie de jouer la saison suivante. J’ai donc sorti plein de partitions de concertos que j’avais chez moi et que je n’avais encore jamais interprétées. »

Dans son exploration, elle tombe sur la partition de Connesson. Après deux heures de déchiffrage, elle n’avait traversé que les deux premières pages du concerto. « J’ai dit à mon chum “je veux jouer ça. Je ne serai jamais capable de le faire, mais je veux le jouer.” Il m’a dit “vas-y, fais-le!” C’est lui qui m’a poussé à relever le défi. » 

Un défi à la fois épeurant et stimulant auquel la flûtiste s’attaque maintenant depuis 12 mois. « Je découvre les pièges au fur et à mesure. C’est une partition qui repousse les limites de l’instrument et j’adore ça! »

Un duo complémentaire

Le concerto sera présenté en concert aux côtés de Shéhérazade de Rimsky-Korsakov, une œuvre qui avait aussi été victime d’une annulation due à la pandémie. 

« Ce sont deux pièces qui se marient très bien ensemble. On connaît l’histoire des Mille et une Nuits, et Pour sortir au jour est basé sur le Livre des morts de l’Égypte antique. Le concerto relate toutes les étapes que doit franchir un défunt, symbolisé par la flûte, pour accéder au repos éternel. Les deux se complètent très bien. »

Une œuvre lumineuse et accessible

Bien qu’il traite d’un sujet comme la mort, le concerto n’en est pas pour autant sombre et aride. « On ne tombe jamais du côté macabre de la chose », explique l’interprète. « On y célèbre la vie, c’est très lumineux, rythmique et dansant. Ça me fait penser aux cycles de la vie et au-delà, ce qui se passe de génération en génération. C’est une musique très accessible, facile d’approche même si elle est actuelle, qui s’adresse beaucoup plus à notre ressenti qu’à notre intellect. »

Apprivoiser la musique contemporaine

Celle qui affirme d’emblée être attirée par la « bonne musique, qu’elle soit romantique, contemporaine, baroque, classique, symphonique, concertante, de chambre ou solo » développe dès son plus jeune âge une connivence particulière avec la musique contemporaine, qui demeure un créneau dans lequel elle est très active. 

« Souvent, ce qui rebute les gens avec la musique contemporaine, c’est qu’ils ont vécu une ou deux expériences moins bonnes où l’œuvre n’avait pas bien été mise en contexte et ils se disent que ce n’est pas pour eux. Mais qui, après avoir vu un film qui ne lui plaît pas, se dit “le cinéma, ce n’est pas pour moi”? Je crois qu’il suffit de s’ouvrir à des horizons qu’on connaît moins pour découvrir qu’on est plus curieux qu’on le pense. » 

L’OSD: un partenaire de choix pour prendre des risques

Comme pour tous les défis qu’on se lance, un contexte sécurisant facilite la prise de risque. À l’Orchestre symphonique de Drummondville, Ariane trouve tout le soutien nécessaire pour favoriser sa réussite.

« Je ne me serais pas mise en danger de cette façon n’importe où. Avec Julien, je me sens en confiance. Je sais qu’il est là pour me soutenir et faire en sorte que ça se passe bien. La communication entre nous est authentique, et il a les aptitudes, l’envie et la vision artistique pour tout mettre en place de façon à ce que l’orchestre embarque aussi dans ce trip-là. Je sais qu’il a autant envie que moi que ce soit un trip collectif. »

Le mot qui lui vient d’ailleurs en tête lorsqu’elle pense à l’OSD est « trippant ». « Ça a l’air cliché, mais je le pense vraiment! Quand je viens à Drummondville, je sais que je vais avoir du plaisir, peu importe ce qu’on va jouer. Je retrouve des amis, Julien est fantastique et les projets dans lesquels il nous embarque sont toujours le fun. Je pense que c’est aussi ce que le public aime, ce qui fait qu’il est fidèle, qu’il revient et qu’il se multiplie. Peu importe ce qui est présenté, tout le monde passe une belle soirée. »

C’est un rendez-vous!

Comment se sent la flûtiste à quelques jours de rencontrer son public le 20 avril prochain? 

« J’ai vraiment hâte! J’ai eu la chance de parler avec le compositeur et avec Julien pour me préparer, j’ai joué le concerto avec piano et je suis heureuse de pouvoir le jouer avec orchestre pour la première fois avec mes amis de l’OSD. Se mettre dans l’eau chaude devant ses collègues, c’est galvanisant! 

En plus, j’ai le grand plaisir de pouvoir jouer depuis quelques années avec un superbe instrument gracieusement prêté par Canimex, une flûte Powell 10K, alors c’est un réel plaisir de pouvoir la faire entendre au public de Drummondville dans un tel contexte. »

Comment se préparer à recevoir cette œuvre en tant que public? En ouvrant simplement son cœur et ses oreilles et en se laissant plonger dans cet univers unique. « Je pense que le public sera content de découvrir une œuvre actuelle accessible et d’entendre la flûte sous un angle différent. On fait de la musique et de l’art pour exprimer des choses autrement que par des mots et on en a besoin pour nourrir cette partie-là en nous, liée aux émotions. » 

Venez entendre Ariane Brisson interpréter le concerto Pour sortir au jour de Guillaume Connesson lors du Grand concert Canimex Shéhérazade, présenté le 20 avril 2023 à la Maison des Arts Desjardins Drummondville. On vous y attend!